La petite chinoise

Quand les communistes s’emparèrent de la Chine, ils enfermèrent un prêtre dans son presbytère près de l’église. Le prêtre observa, atterré, depuis sa fenêtre, les communistes qui pénétraient dans l’église et se dirigeaient vers le choeur. Pleins de haine, ils profanèrent le tabernacle, prirent le ciboire et le jetèrent au sol, éparpillant les Hosties Consacrées. En raison de la période de persécution, le prêtre savait exactement combien d’Hosties contenait le ciboire : trente-deux.

Quand les communistes se retirèrent, peut-être ne se rendirent-ils pas compte, ou ils n’y prêtèrent pas attention : une petite fille priait dans la partie arrière de l’église, et elle vit tout ce qui s’était passé. Cette nuit-là la petite revint et, évitant la sentinelle postée au presbytère, entra dans l’église. Elle y fit une heure sainte de prière, un acte d’amour pour réparer l’acte de haine. Après son heure sainte, elle entra dans le choeur, s’agenouilla et, s’inclinant en avant, elle reçut avec sa langue Jésus dans la sainte Communion (en ce temps-là les laïcs n’étaient pas autorisés à toucher l’Eucharistie avec les mains).

La petite continua à revenir chaque nuit, faisant son heure sainte et recevant Jésus-Hostie sur sa langue. La trente-deuxième nuit, après avoir consommé la dernière Hostie, accidentellement elle fit un bruit qui réveilla la sentinelle. Celle-ci la poursuivit, la rattrapa et la battit à mort avec la crosse de son fusil.

Le prêtre, profondément abattu, assista à cet acte de martyre héroïque depuis la fenêtre de sa chambre-cellule
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