Les trois frères

Il y a quelques années, trois frères quittent la ferme dans laquelle ils avaient grandis pour monter à la ville.

Tous trois sont engagés par la même entreprise, avec le même salaire.

Trois ans plus tard, Pierre gagne mille euros par mois, Paul deux mille euros, et Jacques quatre mille euros.

Leur père, apprenant cela, décide d'aller voir leur employeur.

Celui-ci lui dit :

« Je n'ai rien à vous expliquer, vous allez voir par vous-même. »

Il fait venir Pierre dans son bureau et lui demande :

« Pierre, j'ai entendu dire que les Importateurs d'Extrême Orient viennent de faire venir un avion cargo rempli d'importations japonaises. Pouvez-vous faire un saut à l'aéroport et obtenir un inventaire de la  marchandise ? »

Trois minutes plus tard, Pierre est de retour au bureau :

« Le cargo est rempli de mille rouleaux de soie, je viens juste de l'apprendre en joignant au téléphone un membre de l'équipage. »

Le patron convoque ensuite Paul, le frère à deux mille euros par mois, et lui fait la même demande.

Une heure plus tard, Paul était dans le bureau avec un relevé du chargement : mille rouleaux de soie, cinq cents lecteurs de MP3 miniatures, et mille plateaux de bambou peints à la main.

Le patron convoque alors Jacques, et lui demande la même chose qu'à ses frères. Il revient bien après la sortie des bureaux, et rapporte :

« L'avion-cargo contenait mille rouleaux de soie, explique-t-il. Ils en voulaient soixante euros le rouleau, j'ai donc pris une option d'achat de deux jours sur la totalité du lot. J'ai envoyé un email à un couturier en lui offrant le lot à soixante-quinze euros le rouleau. Il doit me confirmer sa commande demain.

« Il y avait aussi cinq cents lecteurs de MP3 que j'ai vendus tout de suite d'un coup de fil avec un profit de huit euros sur chacun - transport à la charge du preneur.

« Il y avait enfin mille plateaux de bambous peints à la main, mais leur qualité était médiocre et je n'en ai donc rien fait. »

Lorsque Jacques quitte le bureau, le patron sourit :

« Vous avez sans doute remarqué, dit-il, que Pierre ne fait pas ce qu'on lui demande, Paul ne fait que ce qu'on lui demande, mais que Jacques en fait plus sans qu'on ait besoin de lui demander. »

L'avenir appartient aux audacieux !